Raymond Serini

Journaliste, articles historiques & culturels

David Fu-Ji-Tsang ou la quête du sens

Publié le 11 Décembre 2000 par Raymond in articlesculturels, patriotecotedazur

Par Raymon Sérini - Patriote Côte d'Azur

A la lecture de certaines notices biographiques, on se dit parfois qu’une vie peut ressembler à un roman. David Fu-Ji-Tsang, artiste majeur de notre région, a vécu une jeunesse pour le moins mouvementée. Né à Pékin en 1958 dans une famille bourgeoise, il vit une enfance très heureuse jusqu’à l’avènement de la révolution culturelle. Dès l’âge de 10 ans, son père lui fait donner des cours privés de peinture et de musique classique. En 1970, celui-ci est envoyé en « rééducation » dans un camp de travail.

Trois ans plus tard, ce sera au tour de David de connaître le quotidien des travaux forcés et des conditions de vie misérable. C’est alors que par réflexe de survie, il se réfugie dans la pratique de la peinture pour fuir la réalité présente.

Après maintes péripéties, la famille Fu-Ji-Tsang obtient un visa pour Hong-Kong en 1976. David s’inscrit alors à l’Alliance Française, gagne le Premier Prix des Jeunes Artistes de Hong-Kong en 1978 et organise sa première exposition l’année suivante. Il est ensuite reçu à l’Ecole Nationale d’Arts Décoratifs de Nice, décroche son diplôme. Son premier vernissage se fait en 1981 à Nice à la MJC de Magnan. Dès cette date, tout va s’accélérer.

On peut admirer ses œuvres un peu partout dans le monde, tour à tour aux USA, en Suisse, à Paris, à Hong-Kong et dans de nombreuses autres villes. Il collabore avec la vénérable institution des Tapissiers d’Aubusson et est même l’artiste actuel le plus tissé. Nous sommes actuellement en présence d’un créateur multiple aux activités de plus en plus diversifiées : calligraphies, aquarelles, peintures à l’huile, sérigraphie, lithographie. Il a également créé avec des musiciens le concept de concert-performance où il réalise avec la musique une œuvre de très grand format sous les yeux du public. Son atelier-galerie se trouve à Antibes, face au musée Picasso.

Une grande exposition se déroule actuellement à Nice sur le thème : « Mes carnets de Chine », un voyage enchanté dans les villes traversées de son pays d’origine. Un livre paru chez Flammarion retrace ce carnet de voyage.

Face à un tel parcours, on pourrait se dire : « à 44 ans, fu-Ji-Tsang est un artiste arrivé ». Pas si sûr… Les ambitions de cet homme d’exception vont très loin. Sa peinture a toujours été une fusion de l’Orient et de l’Occident. Ses thèmes de prédilection : la montagne, l’eau, les fleurs (les lotus, les iris, les orchidées). Il faut avoir plongé, une fois dans sa vie, dans ces grandes toiles toutes de couleurs, de joie et de lumière et s’imprégner de cette sérénité mêlant puissance et grâce intemporelles. Car David Fu-Ji-Tsang est un serviteur de la beauté avec un « B » majuscule. Toute son œuvre exprime cette quête de sens, cet amour de la nature et parle directement au cœur, sans artifice d’aucune sorte. Cette recherche sur le sens de l’existence, cette élévation de l’être vers une spiritualité large et la poésie qui se dégage de chacun de ses tableaux font de lui un être unique, cohérent entre sa vie d’artiste et sa vie d’homme, et épris de l’existence comme peu de gens peuvent l’être.

A son sujet, on peut penser à William Faulkner, recevant le Prix Nobel en 1949 et déclarant : « J’ai eu le privilège d’aider l’homme à vivre son destin en élevant son âme ». Faulkner prononce ces mots alors que son œuvre était quasiment terminée.

Le chemin créatif de Davis Fu-Ji-Tsang ne fait que commencer et tout, dans sa démarche volontaire, confirme que l’émerveillement va continuer de plus belle.

 

Philippe DE NANS (pseudonyme)

« Mes carnets de Chine » Editions Flammarion.

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